Le thème du développement durable est omniprésent à notre époque. Ce n'est pas étonnant, car au plus tard depuis la première grande apparition de Greta Thunberg lors du sommet des Nations Unies sur le climat, en 2019, de nombreuses personnes et entreprises ont pris conscience de l'importance de prendre les choses en main pour prendre soin de l'environnement et permettre une cohabitation équitable au niveau mondial. Des problèmes écologiques fondamentaux, tels que la pénurie de matières premières, le manque d'eau potable, la pollution, les catastrophes naturelles et le réchauffement climatique ont pris de l'ampleur ces dernières années. La faim et la pauvreté sont également en augmentation, tandis que la biodiversité diminue. Ce n'est qu'en passant consciemment à l'action que nous pouvons stopper ce processus, ou du moins le ralentir. Heureusement, le développement durable joue désormais un rôle important dans de nombreux domaines de la vie – les achats, l'alimentation, le transport, le ménage, le bureau et la manière de travailler.

Définition : qu'est-ce que le développement durable ?

Le concept de développement durable a été défini pour la première fois en 1987 dans le rapport Brundtland comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Il existe aujourd'hui de nombreuses définitions du développement durable, mais elles se rejoignent toutes sur l'essentiel : une activité économique durable implique une gestion responsable et attentive des ressources disponibles.

Ce concept n'est pas nouveau. Dans l'Antiquité déjà, le rapport de l'homme à la nature et aux ressources naturelles a été un objet de réflexion, et cela tant pour les philosophes que pour les agronomes. Pline l'Ancien, par exemple, s'inquiète de la construction de ports sur la mer, et constate que certaines espèces se font rares, tandis que d'autres prolifèrent. Les Romains, grands consommateurs de bois de construction et de chauffage, se souciaient aussi de reboisement. En France, la première trace historique d'une préoccupation environnementale touche également au domaine de l'exploitation forestière, et remonte à 1346. Une ordonnance de Philippe VI de Valois préconise en effet que les forêts cultivées doivent être « soutenues en bon état », c'est-à-dire de manière à permettre un renouvellement permanent de la ressource. Cette histoire illustre bien l'objectif du développement durable : créer un équilibre entre l'économie et la nature.

Deux modèles clés : le triangle du développement durable et les trois piliers du développement durable

Le développement durable se présente aujourd'hui comme un concept global composé de trois éléments. Ceux-ci sont présents dans différents modèles. Il existe par exemple un « triangle du développement durable » ou les « trois piliers du développement durable ». Dans un modèle comme dans l'autre, trois éléments fondamentaux sont en interdépendance.

L'aspect de l'environnement comprend notamment la protection du climat et des ressources, ou encore la protection de la biodiversité, ainsi que la culture et l'élevage biologiques.

L'aspect social concerne l'équité, c'est-à-dire l'égalité de tous les individus en termes de droits et d'autonomie. Cela inclut aussi la lutte contre la pauvreté et un objectif de prospérité pour tous.

L'aspect économique comprend par exemple l'achat de produits régionaux et l'utilisation de matériaux durables.

Idéalement, le développement durable devrait toujours comprendre ces trois dimensions. Il faut les prendre en compte de la manière la plus équilibrée possible et trouver des compromis lorsque c'est nécessaire.

Le développement durable au quotidien

Essayez vous aussi de prendre en compte les trois aspects fondamentaux du développement durable dans votre vie quotidienne, à savoir les plans social-sociétal, environnemental et économique. Voici quelques idées d'actions qui sont à la portée de tous.

Adoptez une alimentation consciente et durable

Une alimentation durable ne fait pas seulement une fleur à la planète. Elle est avant tout favorable à votre propre santé. Lorsque vous faites vos courses, veillez à acheter des produits biologiques ou issus du commerce équitable. Utilisez autant que possible des produits cultivés localement, qui ne doivent pas être transportés sur des milliers de kilomètres avant d'être vendus dans nos supermarchés : préférez donc le chou, les carottes et les topinambours à la patate douce, au manioc et à l'avocat, les haricots secs au soja et les flocons d'avoine aux graines de chia. Consommez le moins de viande possible. Rien ne vous oblige à adopter un régime végétalien, mais il est judicieux de consommer de la viande avec parcimonie. Car un seul kilo de bœuf « produit » 28 kilos de dioxyde de carbone jusqu'à son arrivée dans notre assiette. Achetez des yaourts et du lait dans des bouteilles en verre réutilisables plutôt que dans des bouteilles en plastique.

Concevez vos vacances et vos voyages de manière attentive et durable

Le tourisme peut apporter une certaine prospérité aux habitants d'un pays, mais il peut aussi avoir de graves conséquences pour les populations locales et l'environnement. Des déchets supplémentaires, une consommation d'eau plus importante, une restriction de la vie normale – tout cela peut avoir un impact négatif. Assurez-vous donc que vous protégez l'environnement et que vous aidez les populations locales lorsque vous êtes en déplacement. Explorez aussi votre pays plutôt que de partir à l'autre bout du monde, voyagez en bus et en train plutôt qu'en avion, ou si vous êtes du type sportif, partez directement à vélo ! Sur place, achetez des produits locaux et choisissez des hôtels qui appliquent le concept de tourisme durable. Où que vous soyez, agissez de manière respectueuse envers la nature et les habitants.

Choisissez des vêtements produits de manière durable

Travail des enfants, exploitation de la main-d'œuvre dans des pays en voie de développement, la liste des conditions de travail problématiques dans l'industrie de la mode est longue. De plus, la culture de certains matériaux, comme le coton, consomme beaucoup d'eau. Dans la mesure du possible, il est donc préférable d'investir un peu plus d'argent dans des vêtements de qualité, produits de manière équitable – et de réduire votre consommation de mode en général.

Offrez des cadeaux durables

Pour les anniversaires ou les fêtes, choisissez des cadeaux utiles et qui puissent le rester. Que diriez-vous par exemple de produits artisanaux locaux ou d'un sac de sport en matières recyclées ? Et pourquoi ne pas offrir le plus précieux des cadeaux – du temps ?

Investissez dans des FNB, des actions ou des fonds durables

Lorsque vous investissez, veillez à ce que votre argent ne soutienne pas des entreprises dont vous-même ne soutenez pas les objectifs. Car de nombreux FNB (fonds négociés en bourse) contiennent des actions provenant d'industries de l'armement, du tabac ou du pétrole. Cela ne correspond pas nécessairement à un état d'esprit durable.

Réduisez votre consommation de plastique

Au cours des dix dernières années, la production de plastique a dépassé celle de tout le siècle dernier. Pensez-y vous-même : à quelle fréquence êtes-vous en contact avec du plastique dans votre vie quotidienne ? En vous brossant les dents, en cuisinant, en faisant des courses ou du shopping ? Quatre-vingt-dix pour cent de tous les déchets qui polluent les mers et forment des îles de déchets sur les océans sont des plastiques. En outre, certains éléments laissent à penser que le plastique pourrait être nocif pour la santé. Vous ne prenez donc pas seulement soin de l'environnement, mais aussi de votre santé en réduisant votre consommation de plastique. Par exemple, vous pouvez faire vos courses avec un sac en tissu, et acheter des fruits et légumes en vrac et non emballés dans des sacs en plastique. Choisissez de la céramique, du bois ou du bambou pour les objets d'usage quotidienpour remplacer ceux en plastique.

Informez-vous ! Il y a de multiples occasions de faire quelque chose d'utile pour l'environnement et vos semblables

Il existe de nombreuses façons d'agir en faveur de l'environnement, d'une économie et d'une société durables. Par exemple, on peut s'engager socialement, s'informer davantage sur le thème du développement durable et chercher de nouvelles alternatives écologiques dans sa vie quotidienne. Trouvez votre voie, choisissez des choses qui vous font plaisir et que vous pouvez facilement mettre en œuvre. Utilisez votre position professionnelle pour amorcer le changement. Le premier pas est souvent le plus difficile, mais le résultat en vaut la peine !

Le développement durable au bureau

Nous passons une bonne partie de notre journée à travailler. Nous consommons également beaucoup d'énergie sur notre lieu de travail. En conséquence, un bureau moyen produit chaque année environ 30 kilos de dioxyde de carbone par mètre carré. Essayez donc d'économiser de l'énergie au bureau. La production de chaleur et d'électricité est en effet la cause principale des émissions de CO2 dans le monde, avec 25 % des émissions totales. Pour parvenir à les réduire, il faut donc veiller aussi à économiser les données numériques. Les émissions de CO2 produites par notre consommation numérique sont comparables à celles produites par le transport aérien mondial. Il n'y a donc pas que le fait de prendre l'avion qui puisse donner mauvaise conscience. L'utilisation du numérique à tout-va est elle aussi problématique. La production de terminaux numériques entraîne à elle seule un certain nombre d'émissions. Un nombre incalculable de centres de données envoie et stocke des quantités gigantesques de données chaque seconde, ce qui consomme beaucoup d'électricité. Les serveurs doivent ensuite être refroidis. Une seule requête sur un moteur de recherche produit jusqu'à dix grammes de CO2. Pour 20 requêtes, cela correspond à peu près à l'électricité nécessaire à une ampoule basse consommation pour rester allumée pendant une heure ! Si l'on considère que depuis sa création en 1998, Google a traité plus de 8,5 milliards de recherches par jour et qu'en 2023, le nombre moyen de recherches par seconde était supérieur à 99 000 (Internet Live Stats, 2023), cela fait beaucoup, beaucoup de CO2. Que pouvez-vous faire pour réduire ces émissions ?

• Éteignez la lumière pendant la journée.

• Désactivez votre caméra pendant les visioconférences avec de très nombreux participants.

• Enregistrez les fichiers sur un serveur commun au lieu d'envoyer des courriels avec des pièces jointes volumineuses.

• Évitez les recherches inutiles, il est préférable de saisir directement le lien si vous l'avez.

• Nettoyez régulièrement votre boîte aux lettres électronique.

• Éteignez votre ordinateur portable ou votre PC après le travail.

• Stockez aussi peu de données que possible dans le cloud.

• Activez un bloqueur de publicité.

Éviter – réduire – compenser

Ces trois règles de base peuvent s'appliquer au quotidien, aussi bien au bureau qu'à la maison. Dans le meilleur des cas, vous devriez éviter complètement les offres nuisibles à l'environnement ou les fournisseurs qui procurent de mauvaises conditions de travail à leurs employés. Néanmoins, il n'est pas toujours possible de les éviter complètement. Réduisez alors vos achats ou votre consommation de ces services : n'y recourez que dans des cas exceptionnels. Le dernier élément n'intervient que lorsqu'il n'est pas possible d'éviter ou de réduire une consommation nuisible à l'environnement. Elle se réfère aux émissions de CO2. La compensation carbone consiste à financer de manière volontaire un ou plusieurs projets écologiques dont l’activité permet d’éviter tout ou partie de ses émissions de gaz à effet de serre. De plus, selon les projets, ces paiements améliorent également la qualité de vie de la population locale. Cependant, la compensation ne doit être qu'un pis-aller : compenser les émissions de carbone est loin d'être suffisant pour avoir un impact réellement positif et durable sur la planète et sa population.

Les objectifs de développement durable des Nations Unies

En septembre 2015, dans le cadre de la 70^ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU), les 193 états membres ont adopté un « Agenda 2030 ». Celui-ci rassemble dix-sept objectifs de développement durable et intègre les trois dimensions susmentionnées (environnementale, sociale et économique). Il se fonde sur cinq grands enjeux transversaux (les 5P) :

• les peuples (notamment : réduction de la pauvreté et de la faim dans le monde, accès à l'eau salubre) ;

• la planète (notamment : recours aux énergies renouvelables, lutte contre le changement climatique, protection de la vie terrestre et aquatique) ;

• la prospérité (notamment : accès à une éducation de qualité et à des emplois décents) ;

• la paix (promotion de la justice et de la paix à travers le monde) ;

• et les partenariats nécessaires pour atteindre ces objectifs communs.

193 membres de l'ONU se sont donc engagés à atteindre ces objectifs d'ici 2030. L'Agenda 2030 souligne encore la responsabilité commune de tous les pays et de nombreux acteurs différents, dont la politique, l'économie, la science et la société en général, c'est-à-dire chaque individu.

Le développement durable au sein de l'entreprise

De nombreuses entreprises contribuent désormais volontairement au développement durable, au-delà des mesures imposées par la loi, et le mettent en œuvre de manière plus ou moins visible. Cette contribution volontaire est également appelée RSE, c'est-à-dire responsabilité sociale (ou sociétale) des entreprises. On parle aussi de CSR ou Corporate Social Responsibility dans le monde anglophone. La RSE est une manière de mettre en œuvre le développement durable au sein de l'entreprise. Certaines entreprises ont même leurs propres responsables RSE, qui s'occupent du développement durable, mettent au point des mesures concrètes, communiquent à ce sujet avec les employés et les clients et réfléchissent stratégiquement pour atteindre les objectifs de développement durable de l'entreprise à long terme.

Une entreprise durable doit assumer ses responsabilités : envers les êtres humains, envers la nature et aussi envers les générations futures. Si les entreprises assument cette responsabilité, cela influence aussi les autres parties prenantes – les employés, les clients ou le marché. Et une telle attitude est aujourd'hui plus importante que jamais. Les consommateurs souhaitent aujourd'hui que les questions environnementales et sociales soient prises plus au sérieux que par le passé. Environ 50 % d'entre eux font attention à ce que les fournisseurs agissent de manière socialement et écologiquement responsable en faisant leurs achats. Une orientation durable de l'entreprise est donc indissociable de sa compétitivité. Des études (par exemple, Pérez, Fernández-Salinero et Topa, 2018) montrent également que les entreprises durables sont nettement plus performantes sur le plan économique que les entreprises non durables. Cela est aussi lié à d'autres facteurs : une orientation durable peut susciter l'enthousiasme des collaborateurs pour l'entreprise et sa mission à long terme, et cela permet également à l'entreprise d'attirer davantage de jeunes talents.

Quels sont les avantages du développement durable ?

Vous vous demandez peut-être, en lisant cet article, pourquoi vous devriez vous engager pour l'environnement et limiter votre consommation alors que d'autres personnes n'en font rien. C'est une question légitime. Selon un nouveau rapport d’Oxfam France et de Greenpeace France, le patrimoine financier de 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de 50% de la population française. (Oxfam, 2022). On peut se demander pourquoi on devrait soi-même agir de manière durable, alors que d'autres personnes prennent leur hélicoptère pour faire du shopping ou aller au restaurant en faisant un vol rapide à Milan ou à Monaco, ou en soutenant des entreprises particulièrement polluantes. Heureusement, il existe aussi des résultats plus motivants : le comportement de chaque individu a réellement un impact sur le climat et l'environnement. On sait qu'une grande partie des émissions de CO2 peut être réduite par une consommation plus consciente au niveau individuel – et cela fait une immense différence. Il y a encore d'autres évolutions positives. De plus en plus de personnes se préoccupent de ce qu'elles consomment, quand et de quelle manière. Par exemple, une enquête européenne menée par YouGov en 2021 a révélé qu'en Italie, 77% des personnes interrogées se préoccupent du développement durable et que cette préoccupation a un impact direct sur leur manière de faire des achats et de s'alimenter. En France, 67% des gens sont dans le même cas. En Allemagne et en Espagne, c'est 60% de la population qui pense et agit ainsi (Statista, 2023). Si vous essayez de vivre de manière durable, vous n'êtes donc plus seul, mais dans la majorité ! Et même si tout cela n'emporte pas votre conviction, faire attention à l'environnement est tout simplement la meilleure chose à faire. Selon toutes les connaissances dont nous disposons, il est juste et nécessaire de vivre de manière durable. Peu importe ce que font les autres. Vous ne sauverez pas le monde tout seul, mais vous pouvez y contribuer – ou y mettre obstacle.

Enfin, la psychologie positive nous a appris une chose plus importante encore : limiter sa consommation peut fort bien aller de pair avec une qualité de vie supérieure, car ce ne sont pas les biens matériels, mais avant tout les relations sociales stables qui nous rendent le plus heureux. Revenu et biens ne sont pas importants en soi, mais, selon certaines études, parce que ces ressources financières permettent de soutenir les autres (Buttlar, Latz & Walther, 2017). Et c'est là que nous en revenons à l'aspect social du développement durable : en fin de compte, c'est l'équité que nous recherchons. Tout le monde a droit à une bonne qualité de vie. La solidarité et le respect de notre environnement ne sont donc pas incompatibles avec la qualité de vie individuelle, au contraire : ils sembleraient même y contribuer.

Nous ne pouvons que donner raison à l'explorateur polaire et écologiste britannique Robert Swan, qui a dit un jour : « Le plus grand danger pour notre planète est de croire que quelqu'un d'autre va la sauver ».

Pour en apprendre davantage à ce sujet, nous vous recommandons notre e⁠-⁠learning « Le développement durable dans l’entreprise – Travailler avec une conscience sociale, économique et écologique ».